Trail
Résultats La Transmartinique
du 7 au 8 décembre 2024 - Grand'Rivière (Martinique)
Résultats de l'épreuve La Transmartinique 2024
- La Jung'La (53km), course qui a lieu le samedi 7 décembre 2024 à Grand'Rivière (Martinique).
Commence dans 13 jours
Organisateur : Club MANIKOU
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Les résultats seront disponibles une fois la course terminée, à partir du samedi 7 décembre 2024
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Transmartinique 2018
C’est l’histoire d’un trail…
Le concept est simple, basique, comme j’aime : traverser une île, la Martinique du nord au sud soit 144km pour 4310m de déniv. avec au menu volcan, jungle, plantations, côte atlantique puis caraïbe. Mais ça c’est pour les grands !
Moi je vais me contenter du format « débutant », le Défi bleu (58km et 1250m de déniv.) tandis que Sylvie se dégourdira les jambes sur le format « kids » le Trail des Caps (33km et 330m de déniv.).
Alors comme malgré tout c’est le genre de promenade qui laisse quelques souvenirs j’ai voulu résumer l’aventure et j’en ai même fait deux versions :
1) La courte pour ceux qui sont pressés ou qui s’en foutent :
« C’était bien. »
2) La longue pour ceux qui sont curieux ou n’ont rien de mieux à faire :
« Soyons fous ! Pour briser la monotonie sable, soleil, ti-punch, cocotiers, ti-punch, natation, footings, ti-punch j’ai prévu d’ajouter la touche aventure au cocktail avec ce Défi bleu.
Depuis 15 jours sur place rien n’a été laissé au hasard. La prépa est quasi pro.
Diététique: ti dèj = 3 biscuits+1 banane+café au ti-dèj, midi = 1 demi sandwich ou 1 banane et soir = on se lâche avec 1 ou 2 lorraines (bière locale 33cl) ou/et l’incontournable ti-punch surdosé servi par Yves le barman qui nous connaît bien puis 1 panini ou ½ pizza petite taille ou ¼ de poulet boucané.
Hébergement: on fait dans le roots. La tente igloo 2 places 2,3kg amenée dans le sac à dos avec ses accessoires devenus indispensables après de nombreuses campagnes. La bâche verte 3mx2m pour tendre au-dessus façon pagode (pluies tropicales et double-toit très perméable exigent), le plastique en doublon sur le tapis de sol pour retarder le libre accès des fourmis qui l’ont transformé en passoire depuis belle lurette et enfin les arceaux dont celui qui avait rompu lors d’un coup de vent ici même il y a 3 ans et réparé avec une ligature fil de pêche sur un segment de branche d’antenne de télé. En literie, rouleau de mousse routard pour moi tandis que Sylvie se prélasse sur un matelas autogonflant de 3cm.
Entraînement: 2 sorties longues de 17km dont la première avec alternance marche/trotting au bout de 40’ (cuit, archi cuit !) et 2 grimpettes de 850m pour 150m de déniv+ .
On ajoute à ça environ 1km de natation en baie de Ste Anne (tente à 50m de la plage) tous les matins.
Matos : Classique ou presque. J’ai troqué les tongs pour des shoes de trail à semelles lisses (très bon choix pour réaliser des chorégraphies inédites). Short léger avec 2 poches pour mes emballages vides… et parfois ceux des autres qui ont raté leur poche (!). Casquette. Camel bag minimaliste avec 2l d’eau et matos obligatoire : sifflet, téléphone, couverture de survie. Banane pour avoir sous la main boisson et ravito de complément. Débardeur aéré ‘’Inoxman’’ pour faire honneur à ma tribu et par-dessus le gilet jaune très tendance ces temps ci, rendu ici obligatoire car le trajet emprunte parfois des petites routes ouvertes aux voitures.
Samedi 20h : le bus démarre de Ste Anne (lieu d’arrivée de la course) à deux pas de notre camping pour rejoindre Le François où sera donné le départ. Pendant les 40’ de trajet je lie connaissance avec mon voisin, un grand martiniquais à lunettes très sympa : Marcel Frédoc. On papote matos et il est fier de me montrer la frontale qu’il vient d’acquérir et qui crache 300 lumens. De ce côté aussi je n’ai rien laissé au hasard puisque je serai équipé non pas d’une mais de deux frontales. Une Petzl basique d’avant 2000 et dont Sylvie a renforcé récemment l’élastique défaillant. Elle avait la fâcheuse habitude de descendre autour du cou au bout de 10’ ce qui devenait moins performant. En complément je prévois une 2ème frontale made in China à 3€40 chez Gifi et dotée de 2 niveaux d’éclairage. Des fois elle éclaire, des fois elle éclaire pas mais une bonne tape sur le boitier et elle se rallume. Un faux contact sans doute... Je n’ai pas compté les lumens de mes deux projecteurs mais en cumulant on doit approcher la moitié de ceux de Marcel.
Samedi 22h : c’est parti.
Lire la suiteEn hors d’œuvre sortie de ville et 4,5km de plantations de cannes à sucre. J’ai la soquette légère. On est immédiatement plongés dans l’ambiance nocturne des tropiques avec ses bruits façon bande son de films d’aventures. Des grenouilles arboricoles de 2cm les hylodes de la Martinique redoublent de « clui clui » et les cabris-bois, genre de sauterelles de 12cm de long émettent des espèces de bêlements au point que j’ai longtemps crû qu’il s’agissait de chèvres sauvages.
Soudain au 5ème km on attaque la terreur du parcours : la montagne du Vauclin précédée par le morne Valentin. On l’a reconnu en voiture ! C’est 1ère obligée, dos plaqué au dossier comme Armstrong dans sa capsule spatiale au décollage avec un œil constamment rivé sur la température d’eau. Les puristes diraient : « Oui mais c’est goudronné. ». Pas faux, n’empêche que le cardio monte sérieux dans les tours et qu’au niveau du peloton où je me trouve c’est « marche et tais-toi. ». Que c’est long ! Profitant de la densité des projecteurs autour de moi j’éteins ma loupiote. Faut économiser ! Enfin un replat et même de la descente. Le morne Valentin c’est fait. On attaque la montagne du Vauclin et ses 500m. Pas de quoi fouetter un chat mais… en haut de ce Vauclin là, comme une cerise sur le gâteau, le chemin de croix !!! Se coltiner les 10 croix (150m de déniv) sur un versant et redescendre sur l’autre pour retrouver le bitume. C’est pas la mer à boire ? Et ben si ! On quitte à peine le goudron, mes shoes ne digèrant pas la transition : deux pas et houps je suis à 4 pattes dans la boue. Moi qui suis novice en chemins de croix, l’heure qui suit m’apprendra ce que c’est. Une corde a été mise en place pour se tracter. Mais quand on est chaussé de savonnettes ça ne sert pas à grand-chose. Très vite je trouve l’option gagnante : la bande d’herbe sur le côté qu’on peut saisir à pleines mains en progressant à quatre pattes. Mais la bande n’est pas large et derrière c’est le noir d’un contre-bas que ma Petzl a du mal à sonder. La procession progresse difficilement. Des chiffres : 500m à 1,5 km/h ! Gag : je croise un concurrent qui vient de décrocher et descend inexorablement en marche arrière, tous freins serrés, les ongles labourant la boue pour ralentir. Sur le 2ème versant j’éxécute plusieurs figures dont l’une est gratifiée à haute voix d’un 9,5 sur 10 par la fille qui me suit ! Enfin le goudron ! Rapidement un chemin entre les champs de cannes, le ravito du Vauclin puis on attaque les collines des éoliennes. Annoncées redoutables elles passent bien mais l’ancien à mon côté à ce moment là précise que les années de pluie ce n’est pas la même chose. Secrètement j’essaye d’imaginer la tête du chemin de croix ces années là !
2h30 du mat. : Macabou et son ravito. C’est de là que partira Sylvie à 6h pour son 33km. Finis les gros déniv. et les plantations. Maintenant on longe la côte jusqu’à Ste Anne. Le souci c’est que là il y a déjà 25km dans les jambes et que maintenant il va falloir presque toujours courir. On passe les anses Macabou. Moment d’anxiété quand le balisage disparaît pendant au moins 500m au bord de l’Anse Grosses Roches pour enfin réapparaître dans la mangrove qui longe. Depuis longtemps déjà je double des Transmarts à la dérive, s’appuyant parfois sur un bâton. A chaque fois je ne peux m’empêcher de glisser un mot d’encouragement. Leur détermination me laisse admiratif ! C’est ô combien rassurant de voir ces hommes et ces femmes pousser aussi loin leurs limites sans espoir de gain matériel en retour. Ravito de la Pointe Macré. On l’attend avec impatience celui-là. Il émerge d’un coup dans la forêt comme une oasis, illuminé de guirlandes. Les bénévoles qui le gèrent sont tous les ans au top, d’une gentillesse sans égal. Et puis c’est reparti sur un sentier alternant les anses: Anse Noire, Anse au Bois séparées de bosses rocailleuses à escalader. J’en profite pour shooter régulièrement et de bon cœur, pied droit pied gauche dans les cailloux. Mes orteils crient au secours ! Une pluie fine et persistante s’invite. On court sous les paletuviers, les cocotiers, les catalpas. Mais aussi sous les redoutables mancenilliers dont le tronc est souvent signalé par un cercle de peinture rouge et qui par temps de pluie dégoulinent d’un mélange hautement acide capables de vous envoyer à l’hosto. Et là, il pleut !
Ravito du Cap Chevalier. Il ne reste plus que 19km. Cinq heures du matin, c’est l’effervescence. Des Transmarts avec 125km dans les jambes gisent au sol, certains vaincus par deux nuits blanches successives ont déjà sombré dans le sommeil. Le jour va bientôt se lever. Sans perdre de temps je repars. J’alterne mes deux frontales un peu essouflées. Même la chinoise a du mal à cracher ses lumens quand je lui botte les fesses ! Baie des Anglais : mangrove interminable. Les pluies de ces derniers jours n’ont pas eu le temps de l’imbiber. Les passages les plus humides ayant été équipés de passerelles depuis plusieurs années, la progression est relativement aisée. Les multiples bruits nocturnes de la mangrove dégagent une atmosphère de mystère. Toujours accompagné d’autres coureurs depuis le début, je suis maintenant seul. Soudain une détonation pas très éloignée sur ma gauche. Canon pour éloigner les gibiers des cultures comme chez nous ? Ben non, y’a pas de culture ici. On est en pleine mangrove et à gauche c’est vase et mer. Trois minutes plus tard deuxième détonation, et proche celle-ci ! Un braconnier ? C’est la fin de la nuit du samedi. Un fêtard imbibé, énervé par les ti-punchs qui fait un carton sur les palétuviers… ou sur les trailers qui fournissent d’excellentes cibles avec leurs gilets jaune et leur frontales ? Même pas peur. J’éteins quand même ma frontale et quitte mon gilet jaune… d’autant plus qu’il fait chaud. Y’aurait peut-être un créneau à prendre en déposant un brevet « gilet jaune pare-balles ». La progression se poursuit. Plus rien… Je finis par décréter la fin d’alerte. Je laisse la mangrove derrière moi pour attaquer l’anse Trabaud. Là encore va falloir courir : c’est plat et sablonneux sous le couvert. Je la connais bien cette anse et comme d’hab le sentier fourmille de crabes rouge et noir, des touloulous qui se carapatent au dernier moment. Le jeu consiste à les éviter. C’est parfois difficile : concentration maxi. Le problème c’est qu’eux non plus ne savent pas qu’il y a aujourd’hui une course baptisée Transmartinique (Myriam-Pascal)! Si un coureur isolé peut les éviter, dès que 3 ou 4 trailers se suivent, ceux qui sont derrière ne voient rien. Résultat c’est un carnage. Le sol est jonché de crabes…écrabouillés et on voit déjà des survivants dégager les carcasses de leurs congénères. Pour les croquer peut-être ? Voilà des instants de la vie sauvage qu’on a le temps d’observer quand on a mon rythme de croisière. C’est pas donné à tout le monde hein Kirtap, Erik, Antoine, Niko ! On quitte l’anse Trabaud pour traverser la Savane des Pétrifications. L’objectif maintenant c’est de garder mon allure de trotting économique, pas très rapide mais quand même un poil plus que ceux qui marchent vite. Résultat, régulièrement je grignote des places. J’ai fait mes petits calculs. Je sais qu’avec du 5,3 km/h de moyenne ça fera un chrono final de 11h or je m’aperçois depuis un certain temps que je voyage sur une moyenne de 5,5 km/h ! La conclusion est ambitieuse : essayer de maintenir le pressing pour atteindre un 5,8 km/h qui pourrait permettre d’accrocher un chrono final de 10h ! Alors on enquille. Sortie de la Savane des Pétrification, photo au passage sur le pont de bois, ravito d’Anse Prunes, Grande Anse des Salines, Petite Anse, Anse Meunier. Maintenant ça se gâte avec le passage redouté de la « Tranchée de Verdun » comme on l’a surnommée avec Sylvie ! Même moi qui suis poilu, j’ai du mal à la digérer ! Un chemin creux gorgé de boue la plupart du temps. Le choix se résume à circuler impérativement au fond, toute tentative d’évasion sur les côtés se soldant par un retour glissé, balle au centre. Cette année n’est pas la pire. La moyenne ne devrait pas s’en ressentir trop. Bientôt l’Anse Caritan, la dernière avant Ste Anne. La barrière des 10h semble jouable mais les 3 derniers kms sont piègeux avec escaliers et petites côtes traitresses à l’approche du village. Avec mon allure toujours trotting je gratte des places sur des coureurs au bout du rouleau. Ca se densifie devant moi : 3, 4, 5 en ligne de mire. Gros dilemme : dois-je continuer à me battre pour passer sous les 10h sans me soucier des autres ou bien la jouer stratégique pour franchir la ligne d’arrivée seul et avoir l’exclusivité du photographe qui ne doit pas manquer de se trouver sous l’arche ? Quel cabotin ! Ok, d’accord. Mais sincèrement, à ma place vous n’y penseriez pas un peu en voyant que vous allez franchir la ligne en dernière position d’un groupe qui fait écran devant vous ? Hein ? Bref j’en suis là quand je réalise qu’il est près de 8h et qu’à cette heure là j’aurais le soleil pile poil dans le dos au passage de la ligne et donc photo nase avec contre jour fatal sauf flash de pro. Hein Brad ? Alors plus de question : je fonce (le mot est peut-être un peu exagéré…). Le chrono tourne. Ca le fera pas. A 10h pétantes je suis en face de la porte du cimetière de Ste Anne ! C’est râpé. Pour être original on dira : « J’ai tout donné » et que « J’ai rien lâché »… ça c’est mon côté radin. Mon 10h06’ final me comble pleinement. Le bilan de santé est rassurant. 126ème sur 230 au scratch et surtout une 1ère place dans la promo des Master 4, réservée à ceux qui sont nés dans la première moitié du siècle dernier, où j’ai été brillamment admis il y a deux mois. Ajoutée aux 1ère et 3ème place d’Erik en 2013 et 2014 sur la Transmart, à la 1ère de Sylvie sur 33km en 2016 et 2018 (puisqu’elle gagne encore dans sa catégorie) la moisson est bonne. Ce soir on va fêter ça dignement ! En fait après une Lorraine vite fait au village à 19h30 (record du séjour) c’est extinction des feux, on est déjà en vrac sous la tente. Plus tard dans la nuit mon cerveau un peu déconnecté m’enverra un message : « Ca aurait quand même de la gueule une Diagonale des Fous…un jour ! »